Fruit du travail des gens de justice depuis des siècles, l’imposant fonds « Tutelles et curatelles » des Archives nationales du
Québec constitue une précieuse source pour les généalogistes. Les différentes procédures judiciaires composant ce fonds
permettent d’obtenir des instantanés de la famille, de la parenté, voire de son entourage. Elles concernent le plus souvent
es enfants mineurs, dont il s’agit de protéger l’héritage, de même que leur tuteur ou tutrice (mère endeuillée). D’autres
personnages apparaissent moins fréquemment, mais apportent un éclairage tout aussi intéressant : défunts sans héritier,
absents (de la province), fils prodigue ou « aliéné » qu’il convient de pourvoir d’un représentant légal. Ces documents,
parfois très riches de renseignements, complètent les principaux événements de l’état civil rédigés par le curé ou son
vicaire, les baptêmes, mariages et sépultures. Fruits de la collaboration entre les notaires (ou autres hommes de loi) et
le juge, ils répondent à des impératifs juridiques et à des enjeux familiaux souvent dictés par la transmission de la
propriété (foncière).
Cette conférence propose de lever un peu le voile sur les particularités d’une documentation parfois
technique. Nous aborderons brièvement l’évolution et les transformations d’une pratique judiciaire ininterrompue depuis
l’époque de la Nouvelle-France, en nous attardant surtout aux 18e et 19e siècles. Nous prendrons aussi le temps de
mieux cerner certains des enjeux pour les familles qui y avaient recours, dans les campagnes comme en ville.
Malgré les limites de ce genre de sources, les tutelles et curatelles demeurent en effet très révélatrices des aléas de
la vie de nos ancêtres (mort précoce, maladie incapacitante, abandon et absence des parents, etc.).
Biographie : Jean-Philippe Garneau est professeur au département d’histoire de l’Université du Québec à
Montréal où il enseigne l’histoire du Québec et du Canada depuis 2006. Ses intérêts de recherche portent sur la
société coloniale française et britannique, sur le droit et la justice, sur les familles et le pouvoir domestique. Ses
plus récentes publications ont abordé le rôle social et politique des avocats montréalais sous le régime britannique,
de même que la pratique juridique des couples confrontés à des difficultés économiques au tournant du 19e siècle.
Il a codirigé l’ouvrage Justice et espaces publics en Occident, du Moyen-Âge à nos jours, Québec, Presses de
l'Université du Québec, 2014.
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